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Les kirghizes face aux géants

Kirghizstan, 2021
Le peuple kirghize n'a de cesse d'être meurtri par les puissances alentours. Après une période soviétique sombre imposant aux nomades un mode de vie opposé au leur, les six millions d'habitants du petit pays montagnard font face à une nouvelle menace : la Chine. Que devient la vie quotidienne au Kirghizstan, face à ces multiples ingérences étrangères ?
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Plusieurs fractures habitent le Kirghizstan. La distance visuelle entre les immenses constructions soviétiques de Bishkek et les camps de yourtes isolés dans la montagne est la première preuve évidente d'une histoire mouvementée et brutale pour un visiteur du pays. Bien entendu, l’influence russe, qui s’est exercée depuis la fin du XIXème siècle et particulièrement pendant la période soviétique entre 1918 et 1991, a eu un impact sur la culture nomade présente dans le pays depuis qu’il est habité.

 

Mais le nomadisme ne s’est pourtant pas encore éteint. Son art de vivre constitue toujours le cœur de l’identité kirghize, proche de la nature, de sa rudesse, de sa brutalité. Il ne faut pas oublier que le Kirghizstan, pauvre et montagnard, est encore profondément rural : 65% de la population vit à la campagne. Aussi, certains kirghizes vivent dans des barres d'immeubles caractéristiques du brutalisme l'hiver, et dans des yourtes traditionnelles appelées "Boz üz" (littéralement maison grise, en raison de la couleur de la laine) l'été. Deux extrêmes qui se confrontent, rythmés par la transhumance. Ils forment un quotidien caractéristique, démontrant leur volonté de faire survivre, malgré les tentatives de domination, leur mode de vie ancestral.

 

Aujourd'hui, les kirghizes doivent faire face à d'autres défis. Depuis le VIIIème siècle où un conflit portant sur la route de la soie éclate entre les peuples centre-asiatiques et la Chine, les deux régions se sont plutôt ignorées. Cependant, une fois les premiers indépendants en 1991, un rapprochement teinté de méfiance devient envisageable. Ainsi, l'Asie centrale s'est trouvée tiraillée entre deux super-puissances, à savoir la Russie, alliée "naturelle", et la Chine. Toutes deux sont en quête de ressources minières, principale richesse de la région. Suite à des accords économiques passés par les états centre-astatiques, ceux-ci sont devenus dépendants de leur voisin chinois, notamment le Kirghizstan aidé par la Chine dans le développement de ses industries et infrastructures. Celui-ci espère un désenclavement via la nouvelle route de la soie proposée par Pékin, avec un risque évident d’une perte supplémentaire de souveraineté.

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