ISLANDE - FÉROÉ - KIRGHIZSTAN
L'EXPOSITION
« Vivre au bord du monde » présente trois pays aux conditions de vie particulièrement rudes : l’Islande, les Îles Féroé et le Kirghizstan.
Tous très isolés, leurs paysages sont caractéristiques : l’Islande est connue pour son climat sub-arctique, ses étendues volcaniques, et ses glaciers imposants ; les Féroé pour leur exposition aux tempêtes de l’Atlantique Nord dans des paysages sans arbres ; et le Kirghizstan pour sa haute altitude, rendant la plupart de ses étendues dépourvues elles aussi d’arbres.
Pourtant, les populations de ces trois pays ont su s’adapter à ces conditions extrêmes, adoptant des modes de vie uniques, souvent en tirant partie de leur environnement en apparence maigre en ressources.
Étalées sur trois ans, les 21 photographies proposées dans cette exposition ont été réalisées lors de voyages en solitaire dans ces pays perdus. Les voyages, d’une durée allant de 1 à 3 mois, ont été réalisés dans leur majorité à pied ou à vélo.
LE POTOGRAPHE
Toujours parti ailleurs, c’est le reproche qu’on m’adresse le plus souvent. À l’aube de ma majorité, j’étais déjà parti en Europe de l’Est pour un séjour sans ticket de retour, seul et en hiver, suivant cette envie primaire de m’enfoncer dans des terres secrètes et ignorées des européens de l’Ouest.
Aujourd’hui, j’ai 23 ans, et ce rêve adolescent s’est transformé en vocation. Cherbourgeois de naissance, j’alterne ma vie entre études, travail pour financer mes projets, et voyages incongrus à l’autre bout du globe. Depuis ma première aventure, j’ai foulé la terre de 21 pays dans 2 continents, et réalisé 3 projets majeurs : la découverte du Kirghizstan, en Asie Centrale, en 2021 ; le tour de l’Islande à vélo en 2022 ; et l’exploration de l’archipel des Féroé en 2023, aussi à vélo.
Mes photographies tentent de rendre évidente la supériorité brutale de la nature. Loin de l’image d’une nature douce et accueillante, je préfère montrer la dureté des environnements que j’explore.
Photo 1 : Mon vélo sur la route 52, aux environs de la Kaldidalur, "vallée froide" en Islande, 2022.
Photo 2 : Camp de base du lac Ala-Kul (3500m alt), au Kirghizstan oriental, 2021.
Photo 3 : Ma tente utilisée aux îles Féroé, ici à Eiði (Eysturoy), 2023.
Les cartes, photographies et textes ont été réalisés par mes soins.
L'exposition est visible au centre commercial E. Leclerc de Querqueville du 26 Juin au 17 Juillet 2024 (5 Rue des Claires, 50460 QUERQUEVILLE - MANCHE)
L'ISLANDE
UNE ÎLE BRÛLÉE
: Lieux de réalisation des photographies.
L’Islande constitue aujourd’hui l’un des plus célèbres exemples d’une nature arctique grandiose et fragile. Le peuplement faible et inégalement réparti du pays accentue cette impression de bout du monde. Pendant que l’île se déchire tous les ans d’un centimètre faisant jaillir lave et fumée, les islandais continuent de se tourner vers leur principale ressource : la mer.
Perdue dans les confins de l’Atlantique nord, l’Islande est en fait à cheval sur deux plaques tectoniques, faisant d’elle l’un des rares pays géologiquement situés sur deux continents : l’Europe et l’Amérique du Nord.
Cette position lui vaut son paysage volcanique actif, caractérisé par un désert volcanique froid au centre de l’île. Le climat y est sub-arctique : les étés sont froids, les hivers glacials. Les islandais sont plongés dans l’obscurité plusieurs mois par an. Ainsi, les paysages sont dépourvus d’arbres : la toundra et d’immenses étendues rocheuses et glaciaires dominent le paysage. C’est pourquoi le développement du pays s’est fait majoritairement par la mer : l’Islande est une nation de pêcheurs, et les rares villes en dehors de Reykjavík sont systématiquement situées sur la côte.
Pendant 68 jours, j’ai arpenté la nature islandaise à vélo. Sur 1920 kilomètres, j’ai pu y voir une variété paysagère incomparable : des fjords verdoyants de la région des Vestfirðir au glacier Vatnajökull, l’un des plus vastes d’Europe, en passant par la zone volcanique active de Krafla. Et entre ces immensités naturelles, des villages de pêcheurs, se dressants face aux tempêtes. C’est un endroit humide, coloré, sombre et quasi-vierge, où à chaque kilomètre, tout peut changer.
LE KIRGHIZSTAN
ET SES MONTAGNES CÉLESTES
Le Kirghizstan est un pays encore méconnu des occidentaux. Situé en plein coeur de l’Asie centrale, il est largement dominé par d’immenses massifs montagneux, dont les sommets peuvent dépasser les 7000 mètres. Aux abords de ses vastes lacs, et en plein coeur de la steppe, une culture semi-nomade continue d’y exister. Un exemple rare de confrontation entre l’homme et une nature extrême.
Situé dans une région oubliée du monde, l’Asie centrale, le Kirghizstan est traversé par les chaînes du Tian Shan et de l’Alaï, il est ainsi quasi-intégralement couvert de montagnes. Elles engendrent une incroyable richesse du paysage : on y trouve lacs d’altitude, vallées verdoyantes, forêts, prairies, glaciers et déserts.
Le Kirghizstan est loin de se résumer à son passé soviétique. Une culture semi-nomade persiste, investissant des steppes de haute altitude. Les kirghizes restés attachés à ce mode de vie ancestral passent une partie de l’année dans leur village et l’autre sous la yourte, au cœur de la montagne, au rythme des transhumances.
Constamment confrontés à un climat ultra-continental alliant étés chauds et hivers particulièrement froids, les kirghizes ont su s’adapter à une nature de tous les extrêmes. J’ai passé un mois dans ce pays reculé, me laissant guider par les conseils des locaux sur la direction de mon parcours. J’y ai traversé des paysages bruts et dangereux, travaillés par une météo changeante où dans une même journée, on peut souffrir de la chaleur et se protéger de la grêle. Aussi, j’y ai découvert une culture à part, parfois préservée de son lourd passé, en plein cœur de la nature centre-asiatique.
LES ÎLES FÉROÉ
L'ARCHIPEL DES PRAIRIES
Créées par la séparation du Groenland du continent européen il y a 55 millions d’années, les Féroé sont, comme l’Islande, issues du volcanisme. C’est un archipel de prairies verdoyantes arrêtées par des falaises abruptes, aux étés frais et aux hivers marqués par les tempêtes de l’Atlantique Nord. Les îles abritent 50 000 âmes, qui ont su protéger une culture unique en son genre.
Si l’Islande est bien connue des voyageurs,
l’archipel des Féroé semble être le
grand oublié de l’Europe nordique.
Cet ensemble de 29 îles (dont 16 habitées) est souvent exposé à des conditions de vie rudes.
Le climat sub-arctique associé à l’absence
d’arbres ont contraint les féroïens à se tourner vers la mer, bénéficiant d’une faune aquatique particulièrement développée.
Ainsi, les habitants de l’archipel se sont répartis exclusivement sur la côte. La communication entre les différentes îles a évolué au fil du temps : si, jusqu’à l’aube de notre siècle, les féroïens empruntaient le bateau pour aller d’une île à l’autre, la construction de tunnels sous-marins et la mise en place de liaisons d’hélicoptère a facilité le transit.
Depuis la fin du XIXème siècle, le peuple de l’« île aux moutons » auparavant pastoral, avec une économie de subsistance, se tourne vers la mer, et entame sa croissance. Une véritable institution de la pêche se développe alors, concentrant la population dans des villages industriels. L’histoire ce cette pêche salvatrice se célèbre toujours aujourd'hui avec le controversé Grindadráp, chasse au dauphin traditionnelle.
Pendant cinq semaines, à vélo, j’ai arpenté 12 îles de l’archipel. J’y ai rencontré tous les temps, du grand soleil aux tempêtes avec vents de plus de 150 km/h. Cette aventure fut rude en raison du relief incessant des îles, et du climat instable. Mais j'en ai rapporté quelques échantillons de cette beauté sauvage dans laquelle les féroïens ont forgé leur culture.