L'autre Islande

Le nombre d’ouvrages photographiques traitant de la question des paysages islandais a explosé ces dernières années. On y présente la superbe dichotomie opposant la chaleur des volcans en activité à la froideur mystérieuse des glaciers et des aurores boréales. Il en devient difficile de se démarquer. Pourtant, en observant de plus près, un phénomène devient évident : celui de la surreprésentation de la région sud de l’île (le Suðurland). Celle-ci ne représente pourtant qu’un quart de la superficie du pays. Plus grave, tourisme observe le même phénomène. L’afflux de touristes vers le Suðurland ne cesse de croître, été comme hiver.

Les effets de ce tourisme ultra-localisé et soudain sont alarmants. Notamment concernant la préservation des sites naturels, particulièrement fragiles. Les autres pays arctiques et subarctiques de l’Atlantique Nord s’inquiètent. Tous ont à l’esprit le phénomène islandais, avec une peur palpable. Le gouvernement, prisonnier de ce qui est devenu un pilier majeur de l’économie du pays, tente de mieux répartir l’afflux touristique sans le diminuer. Les sites les plus fréquentés dans le Sud vont ainsi faire l’objet de plus en plus de restrictions, pour laisser le temps à la flore de se régénérer.

Tout cela, je ne le savais pas lorsque mes pieds ont foulé le sol islandais en Juillet 2022. Une fois mon vélo préparé, j’avais deux choix pour faire le tour de l’île : partir vers l’est, dans ce bien-connu Suðurland, ou vers le nord, dans des terres moins touristiques. Les conditions météo m’ont conduit à choisir la voie du nord. Petit à petit, je me rendais compte que les paysages que je parcourais différaient largement de ceux que l’on peut voir dans les livres ou sur les réseaux sociaux. Mon voyage s’est brutalement arrêté à Svínafell, dans l’Austurland. Ainsi, j’ai parcouru presque 2000 kilomètres à vélo, sans passer par la région de tous nos idéaux. Une aventure dans l’Islande méconnue, celle dont on ne parle presque pas : l’autre Islande.